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Photo du rédacteurLes mots, les remèdes

Étymologie, style, arts : de l'énergie à revendre !

Dernière mise à jour : 6 févr. 2023


Éclairs d'orage zébrant un ciel sombre et nuageux.
Énergie électrique !

Celle dont on manque parfois, en ce moment, pour remplir nos réservoirs d’essence ou pour bouger nos corps engourdis par le froid, par l’obscurité vite venue, par des repas de famille ou entre amis riches et arrosés ; celle que transmettent les jeunes gens ou les gens restés jeunes ; celle qu’entretiennent les actifs, les sportifs et qui les nourrit ; celle du soleil, du vent, de l’eau, de la terre, des machines ; celle que l’on nous demande d’économiser, que l’on qualifie de « durable », « verte », « renouvelable » ; celle que nous procurent une recette bien cuisinée, un moment plaisant, un mot ou un geste tendre, une passion, l’inspiration, l’amour, l’amitié, un moment de beauté ; et nous laisserons de côté celle du désespoir, s’il vous plaît !


Comme le mot énergie est souvent prononcé actuellement ! Savez-vous qu’il a la même origine que les termes orgue ou organe ? Pourriez-vous citer au moins 5 formes ou 5 sources d’énergie ? Que signifie étymologiquement le mot chirurgien et quel lien avec l’énergie ? Quel rapport entre le mot qui nous occupe aujourd’hui et le gaz nommé argon ?


Enfin, quelles oeuvres d’art, quelles musiques, quels films, quels livres représentent le mieux l’énergie pour vous et vous en procurent ?


Répondons ensemble à ces questions brûlantes.


Remarque : si vous le souhaitez, vous pouvez écouter la version enregistrée de cet article grâce au podcast « Les mots, les remèdes » en cliquant sur les lecteurs qui se trouvent après le titre de chaque chapitre. L'ensemble des épisodes est disponible dans la rubrique

« Podcast » du menu ou bien ici.

Vous pouvez mêler les deux approches : lecture de l'article, écoute de l'épisode du podcast, ensemble, l'un après l'autre, comme bon vous semble.



J'ai un mot à vous dire ou comment tout savoir sur l'origine du mot énergie





Le mot énergie est formé à partir du mot grec ergon, signifiant « action, travail » précédé du préfixe en- qui veut dire « dans, dedans ». L’énergie désigne le travail qui se fait à l’intérieur, la force du dedans en action.


L’énergie désigne jusqu’au XVè siècle la force vitale (l’énergie musculaire), puis le pouvoir, l’efficacité (l’énergie d’un remède). Elle prend le sens figuré de « vigueur » au XVIIè siècle (l’énergie d’un discours), puis par extension, aux XVIIIè et XIXè siècles, celui de détermination (montrer de l’énergie) et de vitalité physique (agir avec énergie). En sciences, l’énergie s’applique à tout corps ou tout système capable de produire du travail.


ergon en grec, « la force en action » > énergie en français

En somme, l’énergie est une force agissante physique ou morale. Dans le domaine économique, elle désigne la force de travail produite par une matière première (l’énergie fossile) ou un phénomène naturel (l’énergie solaire) et, par métonymie*, la matière première elle-même. Faire des économies d’énergie, c’est utiliser moins d’électricité, moins d’essence, moins de gaz, moins de pétrole. D’ailleurs, pour un physicien, faire des économies d’énergie est un non-sens tout comme l’expression énergie renouvelable est un pléonasme* : en effet, pour le scientifique, il n’y a ni création ni disparition d’énergie, mais transformation constante d’une énergie en une autre ou passage constant d’énergie d’un système à un autre.


Métonymie* : figure de style qui consiste à substituer un mot à un autre, les deux mots étant liés par un rapport logique (la partie pour le tout, la matière pour l'objet, le contenant pour le contenu, la marque pour l'accessoire ou le vêtement, etc.). Exemple : « Finis ton assiette ». Pléonasme* : maladresse de langage ou figure de style qui consiste à employer deux mots là où un seul suffit. Exemple : « Descendre en bas ».

Tout est transmission d’énergie en vérité. Il en faut de l’énergie, cette force qui travaille en l’homme, pour que ce dernier puisse transformer le monde extérieur. L’être humain a toujours déployé de l’énergie pour connaître et maîtrisé l’énergie qui l’entoure sous toutes ses formes. Après le feu, vinrent le travail des métaux par exemple, l’élevage qui s’appuie sur l’énergie des animaux, la maîtrise de l’énergie transmise par la terre, le vent, l’eau, le soleil, l’inavouable esclavage - cette exploitation de l’énergie des autres -, puis les machines alimentées par l’énergie que fournissent différents carburants, le moteur à explosion, les industries, l’électricité, l’atome nucléaire. Désormais, nous devons mettre toute notre énergie à trouver un juste équilibre pour que la transmission puisse continuer à se faire dans le respect de tous et de tout.


Les formes d’énergie sont multiples : énergie de masse, cinétique (qui s’appuie sur le mouvement, de kinein, « mouvoir », racine que l’on retrouve dans les termes cinéma ou kinésithérapeute par exemple) ; thermique ; mécanique, chimique, électromagnétique, … Les sources d’énergie sont également nombreuses : énergie fossile, nucléaire, biomassique, hydraulique, éolienne, solaire, marémotrice, géothermique, musculaire, … En nous, autour de nous, tout est énergie, cette pulsion vitale et créatrice qui n’a pas fini de révéler ses mystères.


 

Mais remontons aux origines de ce mot. Le grec ergon, « action, travail » dont est issu le terme énergie vient lui-même d’une racine indo-européenne werg-, worg-, « agir ». Pensons au verbe to work en anglais ou au werken allemand.


À partir de la base worg- et en passant par le grec se sont formés les mots orgue, « instrument de travail », organe, « instrument, outil », organisation et même probablement orgie, de orgia, orgion, « acte religieux » (!), notamment en l’honneur de Bacchus et l’on sait que vin et nourriture abondante aidant, ce genre de fête entraîne certes une grosse dépense d’énergie mais finit dans la plus totale désorganisation !


orgue, organe, organisation et orgie sont de la même famille que le mot énergie

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. À partir de la base werg- se sont formés le mot du jour énergie ainsi que les adjectifs énergique (« actif, volontaire, fort ») et énergétique (« relatif à l’énergie, qui fournit de l’énergie », les ressources, les aliments énergétiques) , les termes synergie (du grec sun-, « ensemble » : le travail ensemble), allergie (du grec allo-, « autre » : réaction à un corps étranger), ergastule (atelier où travaillent les esclaves grecs, puis « prison, cachot » dans l’Antiquité romaine). L’énergumène, avant de qualifier cette personne exaltée qui s’emporte, désignait initialement quelqu’un que « travaille » un mauvais esprit. Mettre en exergue, c’est mettre en évidence. Mais au départ, l’exergue (du grec ex-, « hors de » et ergon, « le travail ») est ce petit emplacement que l’on réservait sur une médaille, une oeuvre d’art pour les présenter, les expliquer par une inscription. L’exergue a ensuite désigné l’inscription elle-même (mettre une citation en exergue à un tableau, par exemple).


De cette racine indo-européenne worg-, werg- viennent encore, en passant par le grec ourgos, ourgia, les mots chirurgie ( du grec chir(o), « la main » et ergon), démiurge (le dieu créateur de l’univers pour les platoniciens et par extension, un créateur ; du grec demiourgos, « artisan », de demos, « le peuple » et ergon), liturgie (« culte public institué par une Église ; du grec leitos, « public » et ourgia, « énergie »), thaumaturge (un faiseur de miracles ; du grec thauma, « merveille » et ergon) et même Panurge (nom d’un personnage théâtral inventé par Rabelais, « apte à tout faire, ingénieux », du grec pan-, « tout » et ergon). Être un mouton de Panurge, c'est suivre l'exemple des autres sans réfléchir.


Mettre en exergue ; être un mouton de Panurge

S’il vous reste un peu d’énergie pour engranger une information de plus, sachez que l’argon, gaz rare, incolore, inodore, peu réactif doit, lui aussi, son nom au grec ergon, auquel on a ajouté le préfixe privatif a-, puisque ce gaz n’entre dans aucune composition chimique : il est « inactif ».

L’ergologie étudie l’activité musculaire à l’aide d’un ergographe. L’ergonomie se penche, elle, sur les conditions de travail de l’être humain, surtout dans ses relations avec les machines. L’ergothérapie vient en aide aux personnes handicapées pour qu’elles conservent leur autonomie grâce à la rééducation.


Quelle famille, quel voyage !


 

Les synonymes du mot énergie sont innombrables. Au sens de force physique, on pourra le remplacer par ressort, force, vigueur ; au sens de force morale, par courage, résolution, détermination, fermeté, coeur, volonté, audace.

Quant aux antonymes : le contraire de l’énergie physique, c’est la mollesse, l’inertie, l’abattement, la faiblesse, la langueur ; le contraire de l’énergie morale, le découragement, la paresse, l’indolence, l’apathie.


Synonyme : mot qui a le même sens Antonyme : mot de sens contraire


 

Des expressions contenant le mot énergie ? Nous en entendons à longueur de journée.


La crise de l’énergie est sur toutes les lèvres. On nous explique actuellement comment faire des économies d’énergie. Les adeptes du développement personnel nous apprennent à retrouver notre énergie positive. On demandera à l’élève, sur son bulletin scolaire, d’apprendre à canaliser son énergie. L’homme ou la femme politique rassemble, galvanise les énergies pour lutter contre l’envahisseur. On loue l’énergie du style chez un artiste, un écrivain. On déploie son énergie au quotidien pour vivre, créer, lutter, parfois même guidé par le désespoir.


Mais finissons cette première partie par une note optimiste, une citation du peintre, graveur et poète britannique William Blake (1757 - 1827) dans son livre Le Mariage du ciel et de l’enfer (1794) : « L’énergie est la joie éternelle ».



Montage photo à partir d'une image de feu dans un poêle à bois.
La chaleur du feu, source d'énergie


Vous avez du style ou comment la métonymie et le pléonasme vont vous aider à améliorer votre expression




« J’aurai vécu, l’âme élargie,

Sous les visages clairs, profonds, certains

Qui regardent, du haut des horizons lointains,

Surgir, vers leur splendeur, notre énergie. »


Émile Verhaeren, « Vers la mer », Les Visages de la vie, 1899



Dans ce poème, dont je n’ai retenu que quelques vers, Émile Verhaeren évoque sa vie dans son déroulement et dans le lien étroit qu’il entretient avec la mer.


Dans l’article consacré au mot feuille, nous avons déjà évoqué l’ÉNUMÉRATION qui consiste en une liste, procédé d’insistance qui permet aussi la précision. Ici, on remarque dans le deuxième vers l’énumération des adjectifs clairs, profonds, certains pour qualifier les visages. En trois mots, le poète évoque ceux qui l’ont entouré et accompagné alors qu’il grandissait. Les termes sont positifs : il s’est épanoui (âme élargie) parmi des gens qui ont éclairé sa route (clairs), qui l’ont enrichi (profonds) et sur qui ils pouvaient compter (certains).


Énumération : succession de mots qui énoncent les différentes composantes ou particularités d’un élément

Nous comprenons évidemment que les visages désignent en vérité les personnes dans leur entier (!). Cette figure de style qui consiste à désigner un tout par une de ses parties s’appelle la SYNECDOQUE (du grec sun, « ensemble, avec » et ekdekhestai, « recueillir dans son esprit, comprendre »).


La synecdoque est un cas particulier de MÉTONYMIE ( du grec meta, « la succession, le changement » et onoma, « le nom »), procédé qui consiste à substituer un mot à un autre, mot lié au premier par un rapport logique. Il est souvent difficile de distinguer métonymie et synecdoque : disons, pour ceux qui aiment les nuances et la précision (ce qui va souvent ensemble) que la métonymie repose davantage sur un rapport d’association et la synecdoque sur un rapport d’inclusion.


Dans le langage courant, nous employons souvent métonymies et synecdoques : boire un verre (nous buvons le contenu), finir son assiette (même chose, nous finissons le contenu de l’assiette), porter des N* (nous employons le nom de la marque plutôt que le nom usuel du vêtement ou de l’accessoire, des chaussures, du survêtement, du sac, …),


Deux exemples littéraires célèbres de synecdoque et de métonymie :


« Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » (Victor Hugo, « Demain dès l’aube », Les Contemplations, 1856) où les voiles désignent bien sûr les bateaux tout entiers.


« Grâce à vous une robe a passé dans ma vie » (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897), la robe étant portée par Roxane, celle à qui Cyrano n’osera avouer son amour qu’à la toute fin de sa vie. Donc la robe désigne en vérité la femme.


La synecdoque, figure de style qui consiste à désigner un ensemble par une de ses parties, est un cas particulier de métonymie, procédé par lequel un mot est substitué à un autre parce qu'ils ont, entre eux, une relation nécessaire (le contenant pour le contenu, l'effet pour la cause, la marque pour l'objet, etc.).

Il y a PLÉONASME - c’est-à-dire répétition qui n’apporte aucun complément de sens - dans le groupe nominal Les horizons lointains. Les horizons sont en effet forcément lointains. Lorsque le pléonasme est employé dans le langage courant, il est considéré comme fautif ou lourd, car inutile (descendre en bas, prévoir d’avance, ajouter en plus, …), mais chez un poète comme Émile Verhaeren par exemple, le pléonasme est voulu et devient alors un procédé d’insistance. Le poète évoque la période de sa jeunesse où son énergie débordante (surgir) tendait vers le futur, ce moment où toute la vie s’ouvre à soi, où les perspectives d’avenir s’étendent sur tant d’années qu’elles paraissent encore très lointaines, les adultes qui les ont atteintes semblant, eux, très haut placés (du haut des …) par rapport à soi.


Le pléonasme emploie deux mots là où un seul suffirait : il peut être pure maladresse ou effet de style voulu.
 

Quelques exercices d'écriture ?



1. Choisissez un thème qui vous intéresse. En imitant la structure des quatre vers d’Émile Verhaeren, rédigez un court texte qui contiendra une énumération, une métonymie (ou synecdoque), un pléonasme.


Un exemple de mon cru pour vous encourager :


« J’aurai écrit, la plume nourrie,

Sous les rayons des livres clairs, profonds, certains

Qui regardent, du haut des poètes écrivains,

Jaillir, vers leur éclat, nos mots anoblis. »


Lancez-vous ! Le texte d'Émile Verhaeren vous servira de guide. Il s'agit juste de s'en inspirer et vous créerez sans même vous en apercevoir une énumération, une métonymie, un pléonasme !


2. Pour s’exercer au pléonasme, reprenez le texte de votre choix (un extrait de poème ou de roman que vous aimez, un passage de discours célèbre, un dialogue de film, etc.), puis créez des pléonasmes dès que l’occasion se présente. Attention, le texte obtenu doit rester compréhensible.


Exemple à partir du poème d’Émile Verhaeren (qui ne m’en voudra pas, je l’espère) :


« J’aurai vécu ma vie, l’âme spirituelle élargie en grand,

Sous les visages de face, clairs, profonds, certains

Qui regardent de leurs yeux, du haut des horizons lointains,

Surgir brusquement, vers leur magnifique splendeur, notre forte énergie. »

(J'ai souligné les pléonasmes).


3. Amusez-vous, pendant une journée, à noter toutes les métonymies du langage courant entendues dans les conversations (boire une bonne bouteille, découvrir de nouveaux visages, un troupeau de deux-cents têtes, faire de la voile, .)… Vous constaterez que nous en utilisons beaucoup.


4. En vous appuyant sur le principe de la métonymie et de la synecdoque, partez d’un thème représenté par un mot, puis déclinez-le.

Par exemple, à partir du thème du livre, cherchez les rapports de contiguïté et les parties qui désignent le tout : un Balzac, un Hugo, un Camus, un in-folio, un Gallimard, un classique, un volume, un texte. Vous pouvez ensuite vous amuser à rédiger un texte en utilisant tout ou partie des mots trouvés.


5. Attardons-nous, pour finir, sur le principe de l’énumération, c’est-à-dire de la liste. Il peut donner lieu à quantité de jeux d’écriture.

Vous pouvez faire une liste de ce qu’il y a dans votre sac, dans la pièce où vous vous trouvez, dans un magasin que vous aimez. Vous pouvez aussi l’établir de mémoire, ce qui complique un peu l’exercice, mais s’avère souvent amusant. Rien n’empêche d’établir cette liste à plusieurs, rires garantis ! Vous n’êtes pas obligé d’être exhaustif, mais ce peut être le but du jeu au contraire : énumérer tout ce qui se trouve dans le lieu choisi (vous risquez d’en avoir pour un moment).

Prolongez alors l’exercice : complétez l’énumération en ajoutant des objets qui pourraient se trouver dans le lieu choisi, que vous aimeriez y voir. Vos choix peuvent rester raisonnables, mais rien ne vous empêche de penser à des éléments invraisemblables : objets incongrus, surnaturels, inédits. Dans la liste établie, choisissez dix objets : trouvez dix mots qui riment avec eux, puis dix synonymes (ou mots ayant un lien logique avec ces objets, voire - comme pour la métonymie - un rapport de contiguïté), dix verbes exprimant une action que l’on pourrait faire avec chacun de ces dix objets. Rédigez vingt vers (deux par objet) qui riment deux à deux en employant les termes trouvés. Vous obtiendrez alors un joli poème décrivant le contenu plus ou moins réaliste de la pièce de votre choix.

L’énumération a quelque chose de jubilatoire. J’y reviendrai bien sûr. Vous pouvez faire une liste de ce que vous aimez, de ce que vous détestez, de vos desserts, romans, films, héros préférés. Vous pouvez classer les éléments, déterminer les têtes de liste. À plusieurs, l’exercice est amusant et stimulant.


A vous de jouer !


Montage photo à partir d'un pylône électrique sur lequel travaillent des ouvriers
Pylône électrique : l'énergie produite par les hommes

Les arts se prélassent ou comment raviver sa culture générale




Quelles oeuvres d’art l’énergie évoque-t-elle pour vous ? Ces oeuvres peuvent avoir l’énergie pour thème, en dégager, se démarquer par l’énergie du style de l’artiste, nous permettre de faire le plein d’énergie. Il y a l’embarras du choix !


Quels livres, quelles chansons ou musiques, quels films, quelles oeuvres d'art associez-vous à la notion d'énergie ?

La liste qui suit est subjective et forcément très incomplète.


En littérature:


Les chevaliers de la Table ronde, ordre légendaire au service du roi Arthur, dépensent bien de l’énergie dans leur quête du Graal : Lancelot, Yvain, Perceval et les autres que Chrétien de Troyes (vers 1130 - vers 1180) a immortalisés dans son oeuvre ; plus près de nous, la plupart des héros d’Alexandre Dumas père font preuve d’une belle énergie, à commencer par le célèbre d’Artagnan, héros des Trois Mousquetaires (1846) qui étaient quatre donc (en suivant ce lien, vous pouvez écouter la lecture du début de ce roman grâce au podcast « Les mots, les remèdes », épisodes 51, 52, 53) ; le héros de Jules Verne, Michel Strogoff, courrier du tsar Alexandre II puise sans cesse dans ses forces pour parcourir la distance qui sépare Moscou d’Irkoutsk afin de porter sa missive (roman publié en 1876) et Jean Passepartout, au service de Philéas Fogg dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours (1872) n’a guère le temps de se reposer dans la course qu’il effectue aux côtés de son maître autour de la planète ; Cyrano de Bergerac, dans la pièce de théâtre écrite par Edmond Rostand (1897), fait preuve de panache tout au long de l’intrigue ; dans les romans policiers de Fred Vargas, le lieutenant Violette Retancourt qui travaille pour le commissaire Adamsberg est connue pour « convertir son énergie en ce qu’elle veut ».


Des œuvres d’art :


Les peintures de Robert Delaunay (1885 - 1941) développent un langage lumineux que le poète Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) a nommé « orphisme » : elles sont très colorées, souvent abstraites et dégagent une grande vitalité ; il a réalisé toute une série sur la Tour Eiffel. Hans Hartung (1904 - 1989), peintre, photographe et architecte français d’origine allemande est l’un des plus grands représentants de l’art abstrait : l’énergie de ses oeuvres provient notamment de la liberté du geste et de l’utilisation des couleurs. Dans le land art, dont on trouve les premières créations dans les paysages désertiques de l’Ouest américain, les artistes puisent dans les matériaux et les sources d’énergie fournis par la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Ils réalisent des oeuvres souvent éphémères.

Le breakdance, style de danse développé à New York dans les années 70, se caractérise par ses mouvements saccadés, ses figures acrobatiques. Ceci étant dit, toutes les danses, mouvements des corps sur une rythmique ou une musique, constituent des démonstrations d’énergie.

Des films :


Koyaanisqatsi est un film documentaire réalisé par Godfrey Reggio, sorti en 1982 dont la bande originale composée par Phillip Glass est devenue célèbre. Les images jouent sur les échelles d’espace et de temps, la technologie moderne y est omniprésente. L’énergie est un des thèmes principaux de ce film. Nature, activités humaines, machines sont filmées dans des séquences qui s’enchaînent : Grand Canyon, nuages, mer, avions, hélicoptères, centrale thermique, barrage, centrales nucléaires, frénésie urbaine, productions à la chaîne, consommation, loisirs, etc.

Dans un tout autre style, Retour vers le futur, film de science-fiction américain réalisé en 1985 par Robert Zemeckis, raconte le voyage d’un adolescent propulsé dans son passé grâce à une machine à remonter le temps fabriqué à partir d’une DeLorean DMC-12.

Enfin, on peut penser à Top Gun, film américain de Tony Scott sorti en 1986 qui a rendu l’acteur Tom Cruise célèbre : l’action se déroule dans l’école de combat aérien de la marine américaine. La suite est sortie en 2022, Top Gun : Maverick.


Des musiques, des chansons :


Le rock, genre musical apparu dans les années 50 aux États-Unis, est le plus souvent accompagné par des guitares électriques, une guitare basse et une batterie qui lui donnent son côté très énergique.


Citons, par exemple, Michael Jackson (1958 - 2009), figure majeure de la musique pop, qui accompagne ses chansons de danses chorégraphiées spectaculaires.


L’opéra, oeuvre musicale et théâtrale interprétée par un orchestre et des chanteurs, démontre la puissance de la voix humaine utilisée comme un instrument. Citons les incontournables Maria Callas, Montserrat Caballé, Enrico Caruso, Luciano Pavarotti, Placido Domingo.



À vous de compléter la liste.



Prêt-e à refaire bientôt le plein d’énergie avec un nouveau mot ?


J'espère que cet article aura galvanisé les énergies. Nous avons (re)découvert les origines du mot énergie et des liens que l’on ne lui soupçonnait pas forcément avec d’autres mots de la langue française. Famille de mots, expressions, synonymes nous ont fourni bien des informations sur ce terme. Grâce à la métonymie et au pléonasme, vous allez pouvoir enrichir vos textes et leur donner plus de force. Les oeuvres d’art créées avec toute leur énergie par les artistes en transmettent aussi beaucoup. Elles permettent souvent de voir le monde autrement, de recharger ses batteries, de réfléchir. Rendez-vous dans quelques jours pour une nouvelle exploration linguistique, stylistique et artistique qui nous permettra de faire le plein d’énergie culturelle.














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