Devinez-vous le thème de cet article ? Le titre vous aura assurément mis la puce à l'oreille.
L'animal est si présent dans nos vies : comment ne le serait-il pas aussi dans la langue que nous parlons ? De l'araignée (du matin ou du soir ?), la mouche, la souris ou le cafard que nous ne sommes pas toujours heureux de croiser à nos chers animaux de compagnie, de ceux qui nous nourrissent (amis végétariens, toutes nos excuses) à ceux qui nous assistent (tant de travaux pharaoniques impossibles à mener, tant de routes impraticables sans le boeuf, le cheval, l'âne ou le chameau), de ceux qui nous distraient (Ah ! Poule Rousse, les Trois Petits Cochons, le loup du Chaperon rouge, Mickey Mouse, Flipper, Rintintin, Milou et tous les autres ...) à ceux qui nous instruisent (chez La Fontaine ou bien, au quotidien, lorsque nous les observons ou les étudions), des taureaux des grottes de Lascaux aux tigres de Vasarely, les animaux peuplent nos vies.
Connaissez-vous le lien entre les mots animal et anémone ? De qui le marcassin est-il le petit ? Quel est le cri du crocodile ? De quel animal le robinet est-il l'héritier ?
Allons ! Prenons le taureau par les cornes : entrons dans le monde animal. Au risque d'être bavard comme une pie, effectuons un travail de fourmis sur l'origine et la famille du terme animal ainsi que sur les expressions qui y sont liées.
Remarque : si vous le souhaitez, vous pouvez écouter la version enregistrée de cet article grâce au podcast « Les mots, les remèdes » en cliquant sur les lecteurs qui se trouvent après le titre de chaque chapitre. L'ensemble des épisodes est disponible dans la rubrique
« Podcast » du menu figurant en haut de cette page ou bien ici.
Vous pouvez mêler les deux approches : lecture de l'article, écoute de l'épisode du podcast, ensemble, l'un après l'autre, comme bon vous semble.
J'ai un mot à vous dire ou comment tout savoir sur l'origine du mot animal
Animal vient du latin anima comme le mot âme. Tous deux sont issus d’une racine indo-européenne *ane-, le « souffle vital » qui, en grec ancien, a donné anemos, "le vent".
Indo-européen : langue supposée à l'origine de celles parlées ensuite par de nombreux peuples d'Eurasie (sanskrit, hittite, iranien, arménien, grec, latin et langues romanes, langues slaves, germaniques, baltes, celtiques, ...).
La fleur appelée anémone est ainsi nommée car elle désigne textuellement « la fleur qui s’ouvre au vent ». L’anémomètre désigne l'instrument qui mesure la vitesse du vent.
Âme, animal, animer, animosité, magnanime (du latin magnus, "grand", qui a une grande âme), pusillanime (de pusillus, "tout petit" ; littéralement, "qui a une âme de tout petit", donc qui n’est pas courageux), unanime (du latin unus, "un seul", qui n’a qu’une seule et même opinion), animisme (le fait d’attribuer une âme à toute chose), inanition ("sans souffle vital"), sont de la même famille.
Un mot de la même famille qu'un autre est un mot qui a le même radical.
Selon le petit Larousse, l’animal se définit, par opposition au végétal, comme "un être vivant se nourrissant de substances organiques et dont les cellules ne possèdent ni chlorophylle, ni parois cellulosiques" ; par opposition à l’homme, c’est un "être animé dépourvu de langage" ; il est précisé que, "selon le droit français, il est considéré comme un être vivant doué de sensibilité, soumis au régime des biens, mais protégé par des lois particulières".
Il arrive qu’une personne considérée comme brutale ou stupide soit traitée d’ « animal ». On remarque le même emploi - plus répandu d'ailleurs (le fameux "Qu'il est bête !") - pour le mot bête.
Le mot animal : mâles, femelles et petits ; cris ; noms d'objets issus de noms d'animaux ; expressions
Les animaux occupent une grande place dans notre quotidien et donc dans la langue que nous parlons.
Il y aurait de quoi remplir un livre entier sur le mot animal et tout le vocabulaire qui s’y rapporte : mâles et femelles, petits d’animaux, cris d’animaux, expressions contenant des noms d’animaux.
Parmi les espèces animales telles que nous les dénommons, la femelle ne porte pas toujours le même nom que le mâle ; le petit d'animal a souvent un nom bien spécifique ; ne parlons pas des cris des animaux dont on pourrait remplir des encyclopédies ; des noms d’animaux sont employés pour qualifier certains objets ; quant aux expressions courantes qui convoquent des noms d'animaux, il y en a tant qu'une vache n'y retrouverait pas son veau !
Mâle, femelle et petit :
Souvent, il y a un mot pour la femelle, un mot pour le mâle, un mot pour le petit d'animal, parfois même un quatrième mot pour désigner l'espèce.
La biche et le cerf, la chèvre et le bouc, la génisse et le veau, la hase et le lièvre, l'oie et le jars ; la jument et l'étalon (espèce : cheval), la vache et le taureau (espèce : boeuf), la brebis et le bélier (espèce : mouton), la truie et le verrat (espèce : porc).
Le nom d'un petit d'animal est souvent formé du radical du nom de l'animal auquel on ajoute un suffixe diminutif : ours / ourson, lion / lionceau, chèvre / chevreau.
Mais parfois aussi, le nom du petit est différent de celui des parents : le faon (petit de la biche et du cerf), le marcassin (petit de la laie et du sanglier), le veau (petit de la vache et du taureau).
Remarque : le taureau désignait initialement le petit du taureau ou tor (racine que l'on retrouve dans les mots espagnols torero et toreador) et de la taure, autre nom de la vache. Même principe pour le cochon, petit de la coche, ancien nom de la truie.
Les cris des animaux
On traduit généralement les cris des animaux par des onomatopées : par exemple, le cocorico du coq, le miaou du chat ou le meuh de la vache. Cependant, il existe pour chacun un verbe qui qualifie sa façon de s'exprimer.
Onomatopée : mot créé par l'imitation d'un son ou d'un bruit.
Voici une liste - non exhaustive - de cris d'animaux :
le canard nasille ou cancane ;
le chien aboie, mais encore gronde, jappe, hurle ;
le corbeau croasse ;
le coucou roucoule ;
le crapaud et la grenouille coassent ;
le crocodile lamente ;
l'éléphant barrit ou barète ;
le faisan, l'oie, le paon, la pintade criaillent ;
le geai cajole ;
l'hirondelle gazouille ;
le lapin clapit et le lièvre vagit ;
la perdrix cacale ;
la poule glousse ou caquète ;
le renard glapit ;
le tigre râle, rauque ou feule.
Les noms d'objets issus de noms d'animaux
Le chevalet sert à mettre un objet à la bonne hauteur, celle d'un "petit cheval".
La goupille vient du nom initial du renard, le "goupil". Comme l'animal, cette cheville métallique a un museau fin qui se fourre partout.
La poutre désigne d'abord une petite jument, bête de somme ; de là à supporter les plafonds, il n'y avait qu'un pas, ... ou qu'un sabot si j'ose dire.
Le robinet vient du mot robin, c'est-à-dire Robert, autre nom du mouton autrefois ; l'arrivée d'eau des fontaines était souvent ornée d'une petite tête de mouton, d'un "robinet".
Au XVIè et XVIIè siècles, un poulet désignait une lettre et surtout un billet doux, peut-être parce qu'il était dissimulé sous une volaille à vendre pour le transporter discrètement, ou bien parce que le message était plié de telle sorte qu'il faisait penser à des ailes de poulet (appellation plus rigolote que SMS en tout cas).
Quelques expressions contenant des noms d'animaux
Être têtu comme un âne, donner sa langue au chat, entre chien et loup, verser des larmes de crocodile, être comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, avoir un appétit d'oiseau, être malin comme un singe ...
Je suis certaine que vous en avez bien d'autres en tête.
L'origine de ces expressions est toujours intéressante et souvent drôle.
Par exemple, être fier comme un pou repose sur une confusion entre le nom du petit parasite (avez-vous décelé une lueur d'orgueil dans son oeil lorsque vous l'extirpez de la chevelure de vos bambins ?) et l'ancienne dénomination du coq, le pouil. Être fier comme un pouil, c'est être fier comme un coq sur son tas de fumier !
Revenons à nos moutons est une citation extraite de La Farce de Maître Pathelin, pièce de théâtre du XVIè siècle. Un drapier intervient dans un procès contre un berger et sème une si grande confusion que le juge finit par crier : "Revenons à nos moutons !".
Peigner la girafe signifie "ne rien faire d'utile". L'origine de cette expression est obscure. Peigner une girafe doit être difficile et ne semble, en effet, guère utile. Ce pourrait être aussi une allusion au cadeau fait par le pacha d'Égypte, Mohamed Ali, à Charles X en 1826 (on n'avait encore jamais vu une girafe en France et sa venue fit beaucoup de bruit) : or, l'une des missions du soigneur consistait à la peigner. On raconte également que c'était l'argument qu'un gardien du Jardin des Plantes réputé paresseux employait à l'adresse de son supérieur : "Je peignais la girafe". Enfin, on peut lui attribuer une origine plus triviale à cause de l'analogie entre le cou de la girafe et le sexe masculin.
Ménager la chèvre et le chou, c'est rester diplomate sans prendre parti. L'expression signifierait au départ conduire la chèvre et le chou sans qu'il y ait de catastrophe, peut-être en référence à une histoire déjà connue au XIIIè siècle : un homme doit faire passer sur l'autre rive un loup, une chèvre, un chou, mais il ne peut en transporter qu'un à la fois car sa barque est petite et il ne peut non plus les laisser ensemble sans surveillance ... Avez-vous la solution ? Je vous la donnerai en fin d'article.
La roupie de sansonnet désigne la goutte au nez (au bec ?) d'un petit étourneau appelé sansonnet, autant dire vraiment pas grand chose !
P.S : Concernant l'énigme posée dans le paragraphe "Ménager la chèvre et le chou", voici la réponse. Le passeur n'a qu'une place dans sa barque : il transporte la chèvre sur l'autre rive laissant, sans crainte de catastrophe, le loup avec le chou. Il retourne chercher le loup. Quand il le dépose lui aussi sur la rive opposée - c'est là qu'est l'astuce -, il rembarque la chèvre. Il récupère le chou, abandonnant la chèvre quelques instants. Loup et chou se retrouvent à nouveau ensemble sans danger, mais cette fois-ci sur la rive d'en face. Il ne reste plus au passeur qu'à retourner chercher la chèvre pour pouvoir surveiller tout ce petit monde enfin réuni de l'autre côté du cours d'eau. Ce qui prouve qu'il faut beaucoup de réflexion et de patience pour ménager les camps sans s'engager soi-même pour l'un ou l'autre.
Pour finir en beauté, ce questionnaire (ou quiz) : si vous avez bien lu l'article, vous n'aurez aucun mal (de chien) à répondre à ces quelques questions. Elles sont faciles. Ne faites donc pas l'autruche : relevez le défi et amusez-vous !
Comentarios