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Photo du rédacteurLes mots, les remèdes

Style et exercices d'écriture - le mot HIVER

Dernière mise à jour : 5 déc. 2023


Vous souvenez-vous de ce en quoi consistent les figures de style de la personnification et de l'antithèse ? Oserez-vous pratiquer un des jeux d'écriture suggérés dans la deuxième partie et, pourquoi pas, publier votre texte ou vos textes dans la partie "Commentaires" pour le plaisir du partage ?


Une courte analyse de texte, l'identification des procédés de style utilisés et quelques exercices d'écriture pour les mettre en oeuvre : voici le programme réjouissant qui vous attend.



Paysage de neige avec arbres en symétrie et kaléidoscope central.
"L'hiver, cette saison de silence froid, mais aussi d'attente féconde."


Remarque : si vous le souhaitez, vous pouvez écouter la version enregistrée de cet article grâce au podcast « Les mots, les remèdes » en cliquant sur le lecteur ci-dessous. L'ensemble des épisodes est disponible dans la rubrique « Podcast » du menu ou bien ici.

Vous pouvez mêler les deux approches : lecture de l'article, écoute de l'épisode du podcast, ensemble, l'un après l'autre, comme bon vous semble.


Vous avez du style ou comment la personnification, l'énumération et l'antithèse vont vous aider à améliorer votre expression




« En hiver la terre pleure ;

Le soleil froid, pâle et doux

Vient tard, et part de bonne heure,

Ennuyé du rendez-vous. »


Victor Hugo, « En hiver, la terre pleure », Les Quatre Vents de l’esprit, 1882


Voici le premier quatrain d’un poème de Victor Hugo issu du recueil Les Quatre Vents de l’esprit publié en 1882.


Il va nous permettre de réviser des figures de style déjà croisées dans d’autres textes.


Pour rappel, la figure de style désigne l’art de manier les mots, pratiqué aussi bien par l’écrivain à son bureau que par le quidam dans la rue. Employer une figure de style, c’est être un virtuose des mots comme un musicien le serait des notes, un footballeur du ballon, un pâtissier des recettes de gâteaux, un artisan menuisier du travail du bois. Repérer les figures de style utilisées dans un texte, c’est apprécier le talent d’un auteur, s’émerveiller devant la capacité infinie de créer avec les mots, s’inspirer pour améliorer ou alimenter sa propre expression qu’elle soit écrite ou orale.


Revenons au quatrain de Victor Hugo. Dans ce début de poème, la terre pleure, le soleil est ennuyé. Attribuer ainsi des caractéristiques humaines à des éléments de la nature, c’est pratiquer la PERSONNIFICATION. Il a déjà été question de cette figure de style dans l'article consacré au mot nature.


Personnification : fait d'attribuer des caractéristiques humaines à des animaux, des objets, des éléments naturels, des idées.

Nous identifions également une ÉNUMÉRATION dans le deuxième vers : « Le soleil froid, pâle et doux ». Si vous souhaitez en savoir davantage encore sur ce procédé, il a déjà été évoqué dans les articles consacrés aux mots feuille et énergie.

Énumérer, c’est faire une liste de mots de même nature, ici des adjectifs. La terre et le soleil sont dépeints par le poète comme un couple qui s’est donné rendez-vous, mais le coeur n’y est pas. Le soleil, amant de la terre, la boude, il ne s’attarde pas car il n’éprouve pas de passion. C’est par cette image que Victor Hugo s’amuse à expliquer les températures basses et la faible clarté.


Énumération : succession de mots qui énoncent les différentes composantes ou particularités d’un élément.

Enfin, dans le troisième vers « Vient tard, et part de bonne heure », l’écrivain développe une ANTITHÈSE. L’antithèse repose sur une opposition de termes. Le procédé a été abordé dans un précédent article : si votre curiosité est aiguisée, cliquez ici.

Dans le quatrain de Victor Hugo, le verbe vient s’oppose au verbe part et l’adverbe tard s'oppose à la locution de bonne heure.


Antithèse : succession de mots qui énoncent les différentes composantes ou particularités d’un élément.

 

Quelques exercices d'écriture ?




Voici à présent quelques jeux d’écriture. Ils s'appuient sur les remarques faites précédemment.


EXERCICE N°1 :


Reprenons donc ce début de poème de Victor Hugo et choisissons un thème que nous affectionnons. Me concernant, ce sera, sans surprise, le livre. Remplaçons le mot « hiver » par le mot qui représente le thème choisi, puis adaptons la suite du quatrain. Dans l’exemple qui suit, j’ai voulu conserver des vers de sept syllabes comme dans le texte initial de Victor Hugo. J’ai également fait rimer mes vers. Mais vous n’êtes pas obligé.e de vous imposer de telles contraintes formelles. Rédigez un texte beaucoup plus libre si vous le souhaitez, les mots de Victor Hugo vous servant juste de guide.


Je retranscris le début du poème étudié afin que vous l’ayez sous les yeux et que vous puissiez le comparer avec le texte de mon invention : vous constaterez que ce dernier est tout simplement un calque du quatrain de Victor Hugo, mais en prenant pour thème le livre. Calquer les grand auteurs, c'est un bon moyen d'apprendre à écrire et d'améliorer son style ainsi qu'une aide si l'on manque d'inspiration. Le texte littéraire choisi comme point de départ joue le rôle, dans ce dernier cas, de déclencheur : il délie la plume et libère l'imagination.


« En hiver la terre pleure ;

Le soleil froid, pâle et doux,

Vient tard, et part de bonne heure,

Ennuyé du rendez-vous. »


« En rayon, ce livre en prose ;

La main vive, avide et sûre,

Tôt le prend, tard le repose,

Enchantée de l’aventure. »


EXERCICE N°2 :


Dans l’épisode précédent, nous avons rappelé le principe de la figure de style nommée PERSONNIFICATION : des caractéristiques humaines sont attribuées à un objet, une idée, un sentiment.


A. Pour pratiquer de façon amusante la personnification, je vous propose le jeu d’écriture suivant. Choisissez un objet de votre quotidien, un objet fétiche ou bien un objet que vous détestez au contraire. Écrivez, sans trop réfléchir, à l’aide de simples mots ou de bribes de phrases, ce qu’il vous évoque. Par exemple, si je choisissais comme objet mon stylo, j’écrirais : bleu, papier, facile à manier, oblong, discret, encre, 4 couleurs, utile, écriture, etc. Associez-lui ensuite des verbes qui qualifient normalement des actions ou des attitudes humaines mais qui lui iraient bien. Pour le stylo, je dirais : penser, travailler, dire, réfléchir, imaginer, communiquer, cracher, baver, etc. À l’aide de ces mots, composez un texte (poème ou non) sur cet objet dans lequel il sera personnifié. Vous pouvez vous adresser à lui comme à une personne ou le faire parler comme s’il était quelqu’un.

Par exemple, avec le stylo : « Stylo, tu es là sans cesse à réfléchir, tant parfois que tu en baves ! Tu as une drôle de dégaine avec tes cheveux multicolores, ta longue veste bleue, ton visage très blanc. Tu travailles tant, collé à ta feuille de papier que je te retrouve souvent couché, endormi, terrassé par ton envie insatiable de communiquer. »


B. Dans le cadre de la personnification, imaginez le dialogue entre votre téléphone portable et la poche de votre pantalon ou de votre veste ; de votre carte de crédit avec votre portefeuille ou votre sac ; de votre cafetière avec votre réfrigérateur ; de votre aspirateur avec votre flacon de produit nettoyant, etc. Ils discutent de leurs conditions de vie, de la façon dont vous les traitez, de ce qu’ils perçoivent au quotidien comme s’ils étaient des êtres humains. Après avoir pratiqué l'exercice, vous ne regarderez plus ces objets de la même façon !



EXERCICE N°3 :


L’énumération évoquée en début d’article repose donc sur le principe de la liste. Elle peut donner lieu à une infinité d’exercices d’expression écrite ou orale. J’en ai déjà présenté quelques-uns dans cet article. Aujourd’hui, je vous suggère d’établir une liste de « Je me souviens » à la Georges Pérec. Voici quelques exemples de phrases composées par l’écrivain dans son livre Je me souviens, publié en 1978 :


« Je me souviens qu'un coureur de 400 mètres fut surpris en train de voler dans les vestiaires d'un stade (et que, pour éviter la prison, il fut obligé de s'engager en Indochine).

Je me souviens du jour où le Japon capitula.

Je me souviens de l'époque où la mode était aux chemises noires.

Je me souviens que j'avais commencé une collection de boîtes d'allumettes et de paquets de cigarettes.

Je me souviens que c'est grâce à Édith Piaf que les Compagnons de la Chanson, Eddie Constantine et Yves Montand débutèrent.

Je me souviens des autobus à plate-forme : quand on voulait descendre au prochain arrêt, il fallait appuyer sur une sonnette, mais ni trop près de l'arrêt précédent, ni trop près de l'arrêt en question.

Je me souviens que Voltaire est l'anagramme de Arouet L(e) J(eune) en écrivant V au lieu de U et I au lieu de J. »


Vous pouvez pratiquer cet exercice seul.e, à plusieurs, à l’écrit, à l’oral. Nous aimons échanger nos souvenirs. Dans le cas présent, il est intéressant qu’ils soient courts et précis. L’intérêt d’évoquer ses souvenirs à plusieurs est que ceux des autres nous amènent à notre propre passé et provoquent des réminiscences auxquelles nous n’aurions pas forcément pensé seul.e.


EXERCICE N°4 :


Un jeu d’écriture sur le principe de l’antithèse.

Je le rappelle, l’antithèse consiste à rapprocher deux termes qui s’opposent. En partant d’un poème célèbre, sur tout ou partie du texte, changez chaque terme ou chaque expression par son contraire, adaptez l'ensemble pour que le texte obtenu ait un sens, puis lisez pour vous-même ou bien à d’autres ce que cela donne. Amusement et belles surprises garantis !


En partant du quatrain de Victor Hugo autour duquel s'organise cet article, cela pourrait donner :


« En été la terre chante ;

Le soleil chaud, vif et fort

Vient tôt, et la quitte très tard ,

Impatient du rendez-vous. »

Vous pouvez vous appuyer, par exemple, sur les poèmes suivants que vous connaissez sans doute ou que vous trouverez très facilement : « Hiver vous n’êtes qu’un vilain », lu dans l’épisode 60 du podcast « Les mots, les remèdes », « Mignonne, allons voir si la rose .. » de Pierre Ronsard ; « Heureux qui comme Ulysse… » de J.du Bellay ; une fable de La Fontaine ; « L’invitation au voyage » de Charles Baudelaire ; « Ma Bohème » d’Arthur Rimbaud ou tout autre texte de votre choix évidemment. Ce peut être une chanson, un dialogue de film, un article de journal, de blog, etc.


A vous de jouer !


Si vous désirez vous replonger dans l'article consacré à l'étymologie et à l'histoire du mot hiver .


Si vous désirez vous livrer à d'autres jeux d'écriture à partir du principe de l'énumération.



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